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Les constellations familiales : de la ferveur mystique à la rigueur clinique


"Psychogénéalogie ou analyse transgénérationnelle : comment faire la différence (et éviter les dérives) ?"

Sortir de l'aveuglement du mysticisme: vers une compréhension clinique et humaniste de l’inconscient


Depuis quelque temps, les constellations familiales font l’objet d’un emballement médiatique dont les raccourcis nuisent à la compréhension d’un outil pourtant d’une rare profondeur et incontestablement thérapeutique. L’article récemment publié dans Le Parisien https://l.leparisien.fr/AfMA, citant la Miviludes, a jeté le scepticisme sur l’ensemble d’une pratique, confondant dérives marginales et travail thérapeutique sérieux. Il me semble donc essentiel, en tant que praticienne chevronnée et formatrice, d’éclairer ce que sont vraiment les constellations – et surtout, ce qu’elles ne sont pas.

Une pratique exigeante, ancrée dans le réel et dépassant le seul registre spirituel

J’ai rencontré les constellations en 2008, au sein de mon propre parcours thérapeutique. L’expérience fut à la fois fondatrice et déroutante. Fondatrice car j’y ai mesuré leur portée, déroutante car trop souvent, les séances se déroulaient sans cadre éthique solide, sans suivi, ni mise en mots de ce qui s’était joué. On me disait : « Laisse faire, la constellation agit toute seule » – comme si la constellation avait sur la psyché les effets d’un comprimé d’aspirine.


Avec le recul, je mesure combien ces recommandations, teintées de mysticisme aveuglant, étaient à la fois réductrices et dangereuses. Car la constellation ne relève pas du miracle, mais d’un processus psychique. Elle engage la totalité de l’être – pensées, émotions, intuitions et sensations – et convoque l’inconscient individuel, familial, culturel et collectif.


Revenir aux origines : du psychodrame à la psychanalyse transgénérationnelle

Les constellations n’ont rien d’un phénomène « New Age » tombé du ciel. Elles s’inscrivent dans une filiation rigoureuse : celle du psychodrame de Jacob Moreno, dont les travaux ont profondément inspiré Anne Ancelin Schützenberger et la psychogénéalogie elle-même !

Le psychodrame visait déjà, au début du XXe siècle – donc bien avant l’arivée de Bert Hellinger, à mettre en scène les conflits intérieurs du sujet pour les rendre visibles et les transformer via ce que Moreno a appelé la « catharsis ». Les constellations ne font que poursuivre ce mouvement : elles permettent de voir ce qui agit dans l’inconscient familial. Ce qui se joue en constellations, ce n’est que la manifestation – parfois spectaculaire on est bien d’accord – de mémoires transgénérationnelles refoulées. Rien de magique là-dedans : seulement la puissance de la psyché humaine, reliée au collectif.


Freud et Jung (et Hillman ensuite) avaient déjà largement théorisé ces phénomènes, en distinguant l’inconscient individuel, familial et collectif. Jung parlait d’archétypes, Freud de traces mnésiques ; les constellations les révèlent, en corps et en mouvement.


Rappeler la filiation des constellations pour en retrouver le sens

Sous couvert de fidélité pour ne pas dire admiration de Bert Hellinger – rappelons-le prêtre à l’origine, ce qui peut expliquer l’empreinte spirituelle de l’outil – certains ont figé la méthode, répétant des gestes ou des phrases « codifiées » comme on récite un rituel dont on aurait oublié la langue. D’autres, ensuite, ont dérivé vers le chamanisme ou le channeling, oubliant tout ancrage clinique.


Rappeler que les constellations naissent du croisement de la psychanalyse, de la systémie et du psychodrame, c’est redonner souffle à un outil que l’excès de ferveur a dénaturé. C’est lui rendre sa vitalité, sa rigueur et sa liberté de pensée, là où certains praticiens peu conscients des enjeux psychiques tendent à nous faire croire que nous serions des corps animés sans cerveau : « coupe le mental » comme nous le disent les fervents du désormais galvaudé développement personnel ». Si le mental peut se « couper », l’inconscient lui fonctionne même la nuit, pourquoi donc la psyché s’arrêterait-elle lors d’une constellation ?


Une approche intégrative et contemporaine, pourquoi ?


À travers l’Institut Généapsy, j’ai élaboré une méthode qui allie la profondeur symbolique à la solidité clinique.Elle s’articule autour de plusieurs axes :


  • Un ancrage analytique et transgénérationnel, qui relie les inconscients individuels, familiaux, culturels et collectifs.

  • Une lecture systémique et expérientielle, inspirée du psychodrame et de la Gestalt-thérapie.

  • Une recontextualisation socio-historique et anthropologique, pour relier le psychisme individuel à la biographie familiale, à l’Histoire collective et éviter les dérives interprétatives.

  • Une lecture symbolique et mythique, éclairée par Jung, Hillman ou encore Neuberger, pour comprendre les mythes familiaux et les transmissions invisibles.

  • Une articulation entre Généalogie, Constellation et Rêve éveillé, au service d’une intégration psychique englobante.

  • Une éthique du lien, fondée sur la reconnaissance, la non-savoir et la posture phénoménologique.


Ainsi, la constellation retrouve sa vocation première : explorer ce qui agit dans l’inconscient familial et collectif, sans se couper de la pensée, ni sombrer dans le mysticisme, ce qui ne veut pas dire non plus oublier la part irrationnelle de l’être humain! Ainsi, si un sujet a besoin de croire pour guérir, au nom de qui ou quoi devrions-nous nous y opposer dans notre accompagnement.


Écouter les podcasts "dans la tête d'une constellatrice" pour mieux comprendre


Entre rigueur du cadre et humanité : sortir du flou thérapeutique

Il est inquiétant de constater la prolifération d’ateliers sans cadre, sans entretien préalable ni discernement clinique. Sur les réseaux sociaux, il suffit effectivement de quelques clics pour s’inscrire à une « soirée constellations » comme on réserverait une séance de yoga.


Pourtant, le danger n’est pas dans la pratique elle-même, mais dans son détournement par des personnes non formées, sûrement pleines de bonnes intentions, mais parfois animées de croyances personnelles plus que de compréhension psychique. On promet la guérison d’un deuil, la fécondité ou la réconciliation avec les ancêtres… Ce n’est alors plus du soin, cela devient du commerce du désespoir.


Pour autant, ce constat ne retire en rien la portée incontestablement thérapeutique de cet outil intégratif qui, lorsqu’il est bien mené, obtient des résultats observables. L’admiration des amateurs de sensations fortes, fascinés par l’intensité des scènes constellées (nuages émotionnels intenses, scènes transgénérationnelles traversées etc), ne saurait se confondre avec l’engouement sincère de ceux qui viennent y chercher un apaisement authentique à leur douleur!


Pour une écologie du soin psychique

Il est urgent de réhabiliter les constellations dans leur juste dimension : un outil thérapeutique au service de la connaissance / de l’analyse de soi et du lien familial, non un canal vers le divin.L’intuition et la foi y ont leur place – bien sûr – mais au même titre que tous les autres archétypes qui font de l’humain un être d’une complexité psychique, émotionnelle, corporelle, énergétique … qui ne peut être vulgariser.


Le rôle du constellateur n’est donc pas de guérir, mais d’accompagner la rencontre du sujet avec ses zones d’ombre, mettre en scène les impensés, les loyautés et les héritages familiaux qui pèsent sur la liberté du sujet. C’est un travail d’orfèvre pour ne pas dire de chirurgien, parfois bouleversant, toujours exigeant, où l’on honore la complexité humaine plutôt qu’on ne la simplifie.


Redonner du sens, plutôt que du pouvoir

Sortir les constellations de l’ombre mystique, c’est aussi redonner du pouvoir au sujet. Là où certains ont érigé le praticien en figure toute-puissante face à des clients/patients devenus ses objets, je revendique une posture d’humilité et de co-construction basée sur les principes de la Phénoménologie.

Ce qui se joue dans une constellation dépasse le registre du mysticisme ou de l’irrationnel: c’est un travail psychocorporel où foi, hasard et intuition sont pris en compte, au même titre que l’athéisme, l’analyse et le pragmatisme. Toutes ces dimensions participent ensemble au mouvement et au rééquilibrage de la psyché.


Comme Freud le disait du rêve : « Il est la voie royale vers l’inconscient. »

J’ajouterais aujourd’hui : « La constellation familiale est la voie royale vers l’inconscient familial et collectif. »

Maud Pannequin   Présidente de Généapsy®
Maud Pannequin Présidente de Généapsy®




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